samedi 28 mars 2020

5e Dimanche de Carême, Année A


Ézéchiel 37: 12-14
Psaume 129 (130)
Romains 8: 8-11
Jean 11: 1-45


La célébration de la Pâques s’annonce. En effet, la liturgie de la Parole d'aujourd'hui nous conduit de la promesse de libération et de restauration aux Israélites en exil dans la première lecture jusqu’au miracle de la résurrection de Lazare à travers lequel Jésus se révèle comme le Seigneur de la vie. De sa part, saint Paul souligne dans la deuxième lecture notre participation à la victoire du Christ sur la mort grâce au Saint-Esprit qui habite en nous.

Le contexte de la prophétie d'Ézéchiel est la vision des ossements desséchés, par laquelle le prophète décrit métaphoriquement l'expérience douloureuse de l'exil babylonien. Avec la chute de Jérusalem et la destruction de son Temple ainsi que la déportation en 586 avant JC, le peuple d'Israël pensait que Dieu les avait abandonnés. Leur espérance avait disparu. Ils étaient comme des squelettes sans vie dans les tombeaux. Et pourtant, Dieu leur promet la restauration. Il va mettre son Esprit en eux et ils vivront. Il ouvrira leurs tombeaux", les relèvera et les restaurera sur leur terre.

Dans l'évangile, Jésus redonne miraculeusement la vie à Lazare qui était mort et mis au tombeau depuis quatre jours. La déclaration centrale du récit est lorsque Jésus dit à Marthe: "Je suis la résurrection et la vie." Jésus a le pouvoir de donner la vie et de ressusciter les morts pour la gloire de Dieu. Mais pour voir la gloire de Dieu, il faut croire: "Ne t’ai-je pas dit que, si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ?" demande Jésus à Marthe.

Dans cette perspective, les lectures d’aujourd’hui nous invitent à faire confiance en Dieu, quoi qu’il en soit, car il est capable de nous faire revivre, d’ouvrir nos tombeaux et nous restaurer. La pandémie de COVID-19 a créé une grande peur, panique, agonie, détresse et souffrance dans le monde entier. Comme le peuple d'Israël en exil, certains d'entre nous pensent que Dieu nous a abandonnés. D'autres ont perdu espoir. D'autres encore, comme Martha et Mary, pleurent la perte de leurs proches: «Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort», semblent-ils dire avec désespoir. Et pourtant, le Seigneur nous dit: «N'ayez pas peur; Je suis avec vous!" Qu'il nous accorde une foi ferme et immuable afin que nous puissions rester fermes et tranquilles même dans des situations difficiles et d’espérer contre toute espérance. Amen

samedi 21 mars 2020

4e Dimanche de Carême, Année A


1 Samuel 16,1.6-7.10-13
Éphésiens 5,8-14
Jean 9,1-41

Le quatrième dimanche de Carême est appelé le «dimanche de Laetare» ou dimanche de la joie. En ce dimanche, la Liturgie nous invite à nous réjouir en anticipation de la joie pascale qui nous attend. Mais comment pouvons-nous nous réjouir lorsque le monde entier est dans l'agonie et en détresse à cause du COVID-19 ou du Coronavirus? Comment pouvons-nous nous réjouir lorsque des milliers de personnes meurent chaque jour à cause de ce virus? Comment se réjouir quand des millions de catholiques sont privés de l'Eucharistie qui est la source et le sommet de notre vie chrétienne? Comment pouvons-nous nous réjouir quand le Dieu que nous servons semble être loin et indifférent à nos souffrances et à nos cris?

En effet, nous pouvons trouver mille et une raisons de ne pas nous réjouir; et pourtant, la Parole de Dieu nous invite toujours à la joie parce que notre vraie joie ne réside pas dans ce qui se passe autour de nous mais dans notre relation avec Jésus-Christ, qui a été «envoyé» par le Père pour être la «Lumière du monde». L’aveugle-né dans l'Évangile d’aujourd’hui était dans l'obscurité totale. Il était un mendiant, abandonné et seul. Mais sa rencontre avec Jésus changea sa condition. Ainsi, les paroles de Paul dans la deuxième lecture sont très appropriées par rapport à cet homme: "Autrefois, vous étiez ténèbres, mais maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur."

Cet homme aveugle-né ne pouvait pas être reconnu par les siens et les pharisiens parce que Jésus venait de transformer sa vie. Il pouvait désormais voir la lumière du jour et la beauté de la nature. Il pouvait louer Dieu et témoigner de cette grâce qu'il avait reçue de Jésus le Messie. De même, David pouvait se réjouir parce que Dieu l'avait comblé au-delà de toute attente, au-delà de la compréhension humaine. Bien qu'un jeune garçon et considéré pour rien, il a été choisi et oint pour être le futur roi d'Israël. Car Dieu voit le cœur et non les apparences. Ses chemins ne sont pas nos voies, et ses pensées ne sont pas nos pensées (cf. Is 55, 8).

Dieu est capable de nous élever de notre néant et rendre manifestes ses œuvres en nous. Lorsque nous nous sentons désespérés et abandonnés, il révèle sa grandeur et sa proximité. Lorsque tout semble noir et qu’on a l’impression de marcher dans la nuit, c’est là que surgit la Lumière du Christ. Ainsi, en ces temps d’épreuve et de difficultés que le monde entier traverse, mettons notre confiance en Lui et ne cédons pas à la peur et à la panique. Soyons plus connectés à Jésus par la prière et la lecture méditative de sa Parole. Trouvons en lui la source de notre joie. Qu'il nous bénisse et nous protège. Amen

jeudi 19 mars 2020

Le Cri d'un Croyant en Face du COVID-19 et le "Silence" de Dieu


Par le Père Géorges KOUWONOU

« Ah ! Si je savais où le trouver, j’arriverais jusqu’à son trône. J’exposerai devant lui ma cause, j’aurais la bouche pleine d’arguments » (Job 23,3-4)

La souffrance fait mal ; mais ce qui fait souvent plus mal pour le croyant, c’est « le silence de Dieu » devant la souffrance de l’homme. Dans la souffrance, on s’indigne contre ce Dieu qui, selon la Bible, est « Amour » (1Jean 4,8) et que tout ce qu’il a fait est « très bon » (Gen. 1,31). Si Dieu est donc Amour et Bonté pourquoi reste-il indifférent aux souffrances des hommes ?

En effet, la question du mal a toujours existé. Mais le problème est devenu plus alarmant avec l’apparition du COVID-19 ou Coronavirus ces derniers mois. Depuis décembre dernier, le mot « Coronavirus » ou « COVID-19 » est devenu commun sur les lèvres de tous. Le COVID-19 n’est pas simplement une crise de santé publique et de sécurité internationale, mais aussi il touche tous les secteurs de la vie humaine. Il est devenu le sujet des discussions sur les entretiens médiatiques (journaux, TV, radio, etc.), des documentaires, et autres. Des informations et vidéos  YouTube et autres messageries circulent sur les réseaux sociaux sur son origine : naturelle ou artificielle, personne ne le sait avec certitudes. Des recherches scientifiques se poursuivent afin de trouver un « vaccin efficace » contre le Coronavirus. 

Considérant « ses niveaux alarmants de propagation », l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a déclaré le mercredi 11 mars 2020, que le virus est une « pandémie ». Hier soir (18 mars 2020), son site officiel a annoncé 207,860 cas d’infections confirmés et 8,657 morts dans 166 pays. L’Italie, le pays le plus touché en Europe, comptait pour elle seule 35,713 cas et 2,976 morts. Certains pays africains aussi sont touchés et le nombre des infectés ne cesse de s’augmenter. Dans plusieurs pays, des mesures drastiques et radicales ont été prises. Il y a un confinement général. Les rues sont vides. En Italie, le slogan est « Io-resto-a-casa » (« Moi je reste à la maison »). Les écoles et les universités sont fermées ; les rassemblements même religieux sont formellement interdits. Les championnats de football sont suspendus. Une « distance de sécurité » et de prévention « d’un mètre » est requise. Ainsi de suite…

Et pourtant, le virus ne cesse de réclamer plusieurs vies. Il continue de semer une panique générale, déstabilise l’économie mondiale. La sagesse humaine est devenue folle. On assiste à une pénurie dramatique des appareils d’assistance respiratoire. Il y a une carence de médicaments et de masques dans les hôpitaux et pharmacies. Les médecins et les infirmiers/infirmières sont épuisés ; certains ont même contracté le virus dans l’effort de soigner les malades. Des millions de Catholiques sont privés de l’Eucharistie, qui est la « Source et le Sommet » de la vie chrétienne.

Le COVID-19 est devenu l’objet de plusieurs discours des chefs d’Etat. Par exemple, dans un discours adressé à la Nation le lundi 16 mars, le Président Français Emmanuel Macron a déclaré : «Nous sommes en guerre. Pas contre une autre nation, mais contre un ennemi invisible et insaisissable.» La Chancelière Allemande Mme Merkel reconnait que depuis la fin de la deuxième guerre mondiale en 1945, le COVID-19 est « le plus grand défi » pour l’Allemagne. Et pour le président ghanéen, Nana Ado Dankwa Akufo-Addo, « These are not ordinary times » (« Ce ne sont pas des temps ordinaires »), déclarait-il le dimanche 15 mars dernier. Le dimanche après-midi, le Papa François a fait un « pèlerinage » dans les rues de la ville de Rome, confinée depuis plusieurs jours, pour implorer l’intercession de la Vierge Marie pour la fin de cette crise sans précédent. Aussi, le mercredi 18 mars, a-t-il invité le monde entier à prier le chapelet le jeudi 19 mars 2020 à 21h, en la solennité de St Joseph, Epoux de Marie.

Devant cette crise plus terrible qu’une guerre, les croyants s’interrogent : où est Dieu ? Pourquoi reste-il caché et silencieux ? Est-il en colère contre l’humanité ? Où est donc sa miséricorde ? N’est-il pas puissant pour mettre fin à la propagation de ce virus ? Comme le psalmiste, le croyant n’hésite pas à exprimer son indignation: « Dieu a-t-il oublié de faire grâce ? De colère, a-t-il fermé son cœur ? Je le dis, mon mal vient de là : la droite du Très-Haut a changé ! » (Ps 77,10-11). Et comme ce fut le temps de la captivité babylonienne, le croyant dit : « Le Seigneur m’a abandonné, mon Seigneur m’a oublié ! » (Isaïe 49,14).

Et pourtant le COVID-19 est un signale pour l’homme. Il rappelle à l’homme sa fragilité, son impuissance, sa finitude, sa vulnérabilité et ses limites. Il nous fait comprendre que nous ne sommes pas ce que nous pensons être. Car l’homme pense être le maître du monde et pourtant il ne l’est pas. Le COVID-19 est donc un appel à l’homme de se réveiller et se tourner vers son Créateur. Il nous invite à rechercher Dieu dans le plus secret de nos vies. Bien qu’il puisse nous conduire au désespoir et à la révolte contre Dieu, ce temps de détresse doit essentiellement « provoquer une recherche de Dieu et un retour vers Lui » (Catéchisme de l’Eglise Catholique, n. 1501). 

Par ailleurs, dans ces moments d’épreuves et de crise, une chose est certaine : Dieu ne cesse d’adresser sa Parole à l’homme. Il n’abandonne jamais les siens : « La femme oublie-t-elle son nourrissons, oublie-t-elle de montrer sa tendresse à l’enfant de sa chair ? Même si celles-là oubliaient, moi, je ne t’oublierai pas », dit le Seigneur Dieu (Isaïe 49,15). Son Nom est « Yahvé », « JE SUIS ». Il est « PRESENCE ». C’est à nous de le découvrir. Ses pensées ne sont pas nos pensées et ses chemins ne sont pas nos chemins (cf Isaïe 55,8).

Ainsi, j’invite chacun à ne pas perdre d’espoir. « Vous êtes maintenant dans l’affliction » (Jean 16,22). « En ce monde vous êtes dans la détresse, mais prenez courage, j’ai vaincu le monde », nous rassure Jésus Christ (Jean 16,33). Oui, Jésus Christ est Vainqueur. Et avec lui, nous sommes aussi vainqueurs. « Redressez donc les mains défaillantes et les genoux chancelants » (Héb. 12,12). Tournons nos regards vers lui, car « Qui regarde vers lui resplendira, sans ombre ni trouble au visage » (Ps 33,6). Ayons confiance.  Implorons sa miséricorde, car elle est infinie sa miséricorde et ses tendresses sont neuves chaque matin. Grande est sa fidélité ! (cf. Lamentations 3,22-23). Avec la prière, nous pourrons faire face à ce virus virulent et rendre grâce au Seigneur.


« Jésus Christ est le même, hier et aujourd’hui ; et il sera pour l’éternité » (Héb. 13,8). Que la puissance de sa mort rédemptrice nous garde et nous protège. Sérénité et paix à vous tous !!!




samedi 14 mars 2020

3e Dimanche de Carême, Année A

Exode 17,3-7
Romains 5,1-2.5-8
Jean 4,5-42

Dans les lectures d'aujourd'hui, l'image dominante est l'eau, ce qui nous fait penser au baptême. Il n’est donc pas étonnant que le récit de la rencontre de la Samaritaine avec Jésus près du puits de Jacob à Sychar (ville de Samarie) nous soit proposé en ce troisième dimanche de Carême. Car en ce dimanche se fait le rite des premiers scrutins préparatoires au baptême des adultes qui aura lieu le Samedi Saint.

En effet, l'histoire de la Samaritaine commence avec Jésus se montrant comme une personne dans le besoin: fatigué et assoiffé. Ensuite, la conversation atteint son point culminant lorsque Jésus se révèle à la femme comme étant le Messie. Et l’histoire se termine avec Jésus apportant toute la ville à la foi en lui. Le point de départ est «le don de Dieu», symbolisé par l'eau, cette eau vive qui devient en celui qui la boit «une source jaillissant en vie éternelle». Ici, la référence implicite au Saint-Esprit qui donne la vie est indéniable (cf. Jean 7: 37-39). Et c'est justement ce que St Paul insinue dans la deuxième lecture quand il dit: «l'amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné. »

En fait, la Samaritaine représente chacun de nous, notre insatisfaction existentielle et notre recherche incessante d'épanouissement et de vrai bonheur dans la vie. De même que sa rencontre avec Jésus a changé sa vie, notre rencontre personnelle avec Jésus et notre ouverture à lui peuvent également changer merveilleusement nos vies. Car il connaît notre histoire; il connaît nos luttes et il est le seul capable de satisfaire nos aspirations les plus profondes et rajeunir nos âmes.

Par ailleurs, l'histoire de l’eau du rocher dans la première lecture révèle une autre dimension de notre vie : nos difficultés, nos épreuves et nos luttes quotidiennes peuvent nous rendre impatients et nous amener à perdre la foi en Dieu. Au désert, l'eau du rocher devint le symbole du soulagement et la manifestation de la présence de Dieu parmi son peuple errant et assoiffé au désert. En ce temps de Carême, faisons une pause et rappelons-nous des merveilles que Dieu a accomplies dans nos vies. Puissions-nous puiser à la source de l’amour de Dieu qui ne nous abandonne jamais. Et comme la Samaritaine, ouvrons nos cœurs pour être remplis de l'eau vivifiante et curative de Jésus, Source d’eau vive. Amen


vendredi 6 mars 2020

2e Dimanche de Carême, Année A


Genèse 12: 1-4
2 Timothée 1: 8-10
Matthieu 17: 1-9

Habituellement, le récit de la Transfiguration est proclamée le deuxième dimanche du Carême. Situer cet événement dans son contexte peut être instructif. En effet, la Transfiguration a été précédée de deux événements : la confession de Pierre que Jésus est le Christ, le Fils du Dieu vivant (Matt. 16:16) ; et la prédiction choquante des souffrances, de la mort et de la résurrection de Jésus (Matt. 16:21). Vient ensuite la merveilleuse expérience de la Transfiguration.

Alors qu'il priait sur une haute montagne en présence de Pierre, Jacques et Jean, Jésus fut transfiguré; son visage devint brillant comme le soleil et ses vêtements, blancs comme la lumière. Et soudain, Moïse et Élie apparurent et s’entretenaient avec lui. Puis, une nuée lumineuse les couvrit de son ombre, et de la nuée, une voix disait: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le !» (Matthieu 17:1-9)

Par la transfiguration donc, Jésus voulait renforcer la foi des disciples et leur enseigner qu'après sa douloureuse passion et sa mort, il sera glorifié, car il n'y aurait pas de dimanche de Pâques sans le Vendredi Saint. Ainsi, le message de la Transfiguration nous est adressé aujourd'hui, car dans notre cheminement en cette vie, les souffrances et les croix, les ennuis et les déceptions sont inévitables. Et comme Abraham à qui Dieu demanda de quitter la maison de son père pour un pays qu’il ne connaissait pas (Gen. 12:1-4), nous aussi nous sommes parfois invités à accomplir des actions même absurdes en faisant confiance en Dieu qui est toujours fidèle. Et comme Timothée dans la deuxième lecture, nous sommes exhortés à prendre notre part des souffrances liées à l’annonce de l'Évangile non à cause de nos propres actes, mais à cause de son projet à lui et de sa grâce (2 Tim. 1:8-10).

Ainsi, au milieu des moments d’épreuves, des croix que nous devons porter, les difficultés et les peines à supporter, une chose est sûre: Dieu nous conduit à la gloire. Oui, nos visages peuvent être défigurés à cause de la douleur, la maladie et des larmes; mais si nous permettons à Jésus de nous rencontrer dans la prière, dans les sacrements, en particulier l'Eucharistie et la confession, etc., nos visages seront sûrement transfigurés comme le sien. Puisse-t-il nous aider à fixer nos regards sur la couronne qui nous attend aux termes de nos luttes, et d’avoir part à sa gloire après les tentations et les épreuves de la vie présente. Amen