Par le Père Géorges KOUWONOU
« Ah ! Si je savais où le trouver,
j’arriverais jusqu’à son trône. J’exposerai devant lui ma cause, j’aurais la
bouche pleine d’arguments » (Job 23,3-4)
La souffrance fait mal ; mais ce qui fait souvent
plus mal pour le croyant, c’est « le silence de Dieu » devant la
souffrance de l’homme. Dans la souffrance, on s’indigne contre ce Dieu qui,
selon la Bible, est « Amour » (1Jean 4,8) et que tout ce qu’il a fait
est « très bon » (Gen. 1,31). Si Dieu est donc Amour et Bonté
pourquoi reste-il indifférent aux souffrances des hommes ?
En effet, la question du mal a toujours existé. Mais le
problème est devenu plus alarmant avec l’apparition du COVID-19 ou Coronavirus
ces derniers mois. Depuis décembre dernier, le mot « Coronavirus » ou
« COVID-19 » est devenu commun sur les lèvres de tous. Le COVID-19
n’est pas simplement une crise de santé publique et de sécurité internationale,
mais aussi il touche tous les secteurs de la vie humaine. Il est devenu le sujet
des discussions sur les entretiens médiatiques (journaux, TV, radio, etc.), des
documentaires, et autres. Des informations et vidéos YouTube et autres messageries circulent sur
les réseaux sociaux sur son origine : naturelle ou artificielle, personne
ne le sait avec certitudes. Des recherches scientifiques se poursuivent afin de
trouver un « vaccin efficace » contre le Coronavirus.
Considérant « ses niveaux alarmants de
propagation », l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a déclaré le
mercredi 11 mars 2020, que le virus est une « pandémie ». Hier soir
(18 mars 2020), son site officiel a annoncé 207,860 cas d’infections confirmés
et 8,657 morts dans 166 pays. L’Italie, le pays le plus touché en Europe, comptait
pour elle seule 35,713 cas et 2,976 morts. Certains pays africains aussi sont
touchés et le nombre des infectés ne cesse de s’augmenter. Dans plusieurs pays,
des mesures drastiques et radicales ont été prises. Il y a un confinement
général. Les rues sont vides. En Italie, le slogan est
« Io-resto-a-casa » (« Moi je reste à la maison »). Les
écoles et les universités sont fermées ; les rassemblements même religieux
sont formellement interdits. Les championnats de football sont suspendus. Une « distance
de sécurité » et de prévention « d’un mètre » est requise. Ainsi
de suite…
Et pourtant, le virus ne cesse de réclamer plusieurs vies.
Il continue de semer une panique générale, déstabilise l’économie mondiale. La
sagesse humaine est devenue folle. On assiste à une pénurie dramatique des
appareils d’assistance respiratoire. Il y a une carence de médicaments et de
masques dans les hôpitaux et pharmacies. Les médecins et les
infirmiers/infirmières sont épuisés ; certains ont même contracté le virus
dans l’effort de soigner les malades. Des millions de Catholiques sont privés
de l’Eucharistie, qui est la « Source et le Sommet » de la vie
chrétienne.
Le COVID-19 est devenu l’objet de plusieurs discours des
chefs d’Etat. Par exemple, dans un discours adressé à la Nation le lundi 16
mars, le Président Français Emmanuel Macron a déclaré : «Nous sommes en guerre. Pas contre une autre nation,
mais contre un ennemi invisible et insaisissable.» La Chancelière Allemande Mme
Merkel reconnait que depuis la fin de la deuxième guerre mondiale en 1945, le
COVID-19 est « le plus grand défi » pour l’Allemagne. Et pour le
président ghanéen, Nana Ado Dankwa Akufo-Addo, « These are not ordinary
times » (« Ce ne sont pas des temps ordinaires »), déclarait-il
le dimanche 15 mars dernier. Le dimanche après-midi, le Papa François a fait un
« pèlerinage » dans les rues de la ville de Rome, confinée depuis
plusieurs jours, pour implorer l’intercession de la Vierge Marie pour la fin de
cette crise sans précédent. Aussi, le mercredi 18 mars, a-t-il invité le monde
entier à prier le chapelet le jeudi 19 mars 2020 à 21h, en la solennité de St
Joseph, Epoux de Marie.
Devant cette crise plus terrible qu’une guerre, les
croyants s’interrogent : où est Dieu ? Pourquoi reste-il caché et
silencieux ? Est-il en colère contre l’humanité ? Où est donc sa
miséricorde ? N’est-il pas puissant pour mettre fin à la propagation de ce
virus ? Comme le psalmiste, le croyant n’hésite pas à exprimer son
indignation: « Dieu a-t-il oublié de faire grâce ? De colère, a-t-il
fermé son cœur ? Je le dis, mon mal vient de là : la droite du
Très-Haut a changé ! » (Ps 77,10-11). Et comme ce fut le temps de la
captivité babylonienne, le croyant dit : « Le Seigneur m’a abandonné,
mon Seigneur m’a oublié ! » (Isaïe 49,14).
Et pourtant le COVID-19 est un signale pour l’homme. Il
rappelle à l’homme sa fragilité, son impuissance, sa finitude, sa vulnérabilité
et ses limites. Il nous fait comprendre que nous ne sommes pas ce que nous
pensons être. Car l’homme pense être le maître du monde et pourtant il ne l’est
pas. Le COVID-19 est donc un appel à l’homme de se réveiller et se tourner vers
son Créateur. Il nous invite à rechercher Dieu dans le plus secret de nos vies.
Bien qu’il puisse nous conduire au désespoir et à la révolte contre Dieu, ce
temps de détresse doit essentiellement « provoquer une recherche de
Dieu et un retour vers Lui » (Catéchisme de l’Eglise Catholique, n.
1501).
Par ailleurs, dans ces moments d’épreuves et de crise,
une chose est certaine : Dieu ne cesse d’adresser sa Parole à l’homme. Il
n’abandonne jamais les siens : « La femme oublie-t-elle son
nourrissons, oublie-t-elle de montrer sa tendresse à l’enfant de sa
chair ? Même si celles-là oubliaient, moi, je ne t’oublierai pas »,
dit le Seigneur Dieu (Isaïe 49,15). Son Nom est « Yahvé », « JE
SUIS ». Il est « PRESENCE ». C’est à nous de le découvrir. Ses
pensées ne sont pas nos pensées et ses chemins ne sont pas nos chemins (cf
Isaïe 55,8).
Ainsi, j’invite chacun à ne pas perdre d’espoir.
« Vous êtes maintenant dans l’affliction » (Jean 16,22). « En ce
monde vous êtes dans la détresse, mais prenez courage, j’ai vaincu le
monde », nous rassure Jésus Christ (Jean 16,33). Oui, Jésus Christ est
Vainqueur. Et avec lui, nous sommes aussi vainqueurs. « Redressez donc les mains défaillantes et les genoux
chancelants » (Héb. 12,12). Tournons nos regards vers lui, car
« Qui regarde vers lui resplendira, sans ombre ni trouble au visage » (Ps 33,6).
Ayons confiance. Implorons sa
miséricorde, car elle est infinie sa miséricorde et ses tendresses sont
neuves chaque matin. Grande est sa fidélité ! (cf. Lamentations 3,22-23).
Avec la prière, nous pourrons faire face à ce virus virulent et rendre grâce au
Seigneur.
« Jésus Christ est le même, hier et
aujourd’hui ; et il sera pour l’éternité » (Héb. 13,8). Que la
puissance de sa mort rédemptrice nous garde et nous protège. Sérénité et paix à
vous tous !!!
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